Peu de kilomètres au compteur aujourd’hui mais une journée riche entre Joinville et Poissons ! La Haute-Marne a un patrimoine exceptionnel, et nous sommes rassurés de voir que les personnes rencontrées aujourd’hui en prennent grand soin !
8h40. Tandis que Noomane nous prépare un petit-déjeuner royal au Couvent des Annonciades Célestes, Anthony écoute une conférence d’Henri-Pierre Jeudy, que nous avions rencontré à Blumeray.
9h. Joinville est une ville de près de 600 000 habitants, accueille le plus grand festival de danse du monde et, sans parler le portugais, difficile de s’y faire comprendre. Oui, Joinville est une ville brésilienne dans l’État de Santa Catarina et doit son nom à notre Joinville haut-marnaise. Le prince François de Joinville épousa en effet Francisca, la princesse du Brésil, à Rio de Janeiro. L’empereur d’alors lui légua des terres dans le sud du pays, terres où fut bâtie Joinville. Ah, le charme haut-marnais est décidément international…
Nous faisons un tour de Joinville, la Française, avec Anthony, chargé d’urbanisme à la mairie. Nous nous baladons à travers les petites rues et longeons la Marne. Le secteur a bien changé depuis une dizaine d’années. La mairie entreprend la requalification des rues et bâtis et cela porte visiblement ses fruits. Anthony nous explique les différences entre les termes de requalification, restitution, revitalisation, rénovation, restauration, mais à 9 heures du matin et après 4 semaines de tour du monde de la Haute-Marne, il était sans doute ambitieux de tout retenir. Toujours est-il que dès lors que plusieurs bâtis d’une rue commencent à être requalifiés, cela incite les autres bâtiments à entreprendre des travaux également. Cela entraîne donc un cercle vertueux qui améliore et dynamise petit à petit des rues et donc in fine la ville. Nous nous rendons compte que la municipalité a su s’entourer des bonnes personnes et leur a accordé la confiance et la souplesse nécessaires pour accomplir des projets sur le long terme. Cela dépasse largement le simple mandat d’un maire ; quand la politique possède une vision à long terme, ça marche. Joinville peut alors remettre son histoire et son patrimoine en avant. Compétences et volonté font souvent bon ménage, les résultats sont ici très parlants.
9h45. Nous entrons dans l’auditoire de justice, ancien tribunal seigneurial créé en 1561 par Antoinette de Bourbon et conservé de manière remarquable. Dans une grande pièce est reconstitué l’enterrement du Duc de Lorraine. 3 000 personnes y ont assisté puisque, avant, 3 événements étaient immanquables : le sacre d’un roi de France, le couronnement d’un empereur du Saint Empire et l’enterrement d’un Duc de Lorraine !
10h05. Nous entrons à présent dans l’église Notre Dame et admirons notamment la ceinture de Saint Joseph, seule relique de Saint-Joseph en France. La Fondation du Patrimoine appelle actuellement au don pour restaurer l’autel-reliquaire.
10h15. Visite à l’Atelier de Yann Denes, artiste connu pour son travail de dessins et peintures sur l’automobile, notamment pour Ferrari ou des pilotes de Formule 1. Il exposera bientôt en Italie et se plait en plein centre-ville de Joinville.
10h45. Quelques kilomètres en vélo et nous voici à la maison de maître de forges, à Rupt, qui a été l’une des heureuses bâtisses sélectionnées par la Mission Bern pour le loto du patrimoine 2021, la seule dans le Grand Est. Les fonds serviront à sa restauration. Le coût des travaux est estimé à 455 000 € pour la toiture. Le parc est également en train d’être aménagé. Le château de Rupt, son autre nom, appartenait auparavant à la famille Ferry – Capitain, grande famille industrielle dont les ancêtres étaient maîtres de forges.
11h30. Le Château du Grand Jardin se présente à nous. Tandis que Cédric le chef jardinier taille les ifs pour leur donner leurs formes si caractéristiques, Willy, directeur de l’Office du tourisme intercommunal de Joinville, nous présente l’équipe de l’Office de tourisme qui fait la promotion de Joinville, du Château et des communes du territoire. Nous faisons le tour des jardins d’esprit renaissance, différent des jardins à la française car plus agrémentés. Le château et ses jardins sont tous les deux classés au titre des Monuments Historiques. Il possède la seule collection de buis agréé par le CCVS en France avec 153 espèces parfois taillées en forme de monstres. Il y a également 350 arbres fruitiers sur le site. C’est assez incroyable de se remémorer que ce lieu magnifique n’était même pas un château, construit par Claude de Lorraine, Duc de Guise, au XVIème siecle, mais une salle de réception ou pavillon de plaisance. Le Duc vivait dans le château d’En Haut, totalement détruit aujourd’hui. Nous passons également dans le joli parc pittoresque, ombragé.
12h10. Nous montons dans les combles du château et allons sur le balcon. De là, la vue sur les jardins est incroyable. La symétrie et l’harmonie des couleurs sont parfaites. Bernard Adam, maire de Poissons et président du conseil de surveillance de l’Office du tourisme intercommunal de Joinville, nous rejoint, avant de tous se diriger vers la chapelle Saint-Claude. Nous admirons 2 cariatides, 2 des 4 sculptures monumentales qui entouraient et maintenaient le tombeau de Claude de Lorraine, qui fêteront bientôt leurs 5 siècles.
12h45. L’Office de tourisme nous a préparé de bons plateaux de mignardises salées et sucrées. Nous mangerons à l’ombre, devant le jardin. Il y a pire comme vue !
14h40. Nous arrivons à Poissons et sommes accueillis par Anne et Fabien, nos hôtes du soir. Humour haut-marnais : le village de Poissons est jumelé avec la commune d’Avril en Meurthe-et-Moselle.
16h. Nous sortons de la maison, 2 habitants rentrant du bois nous interpellent, nous ayant reconnus. Nous rejoignons Bernard, le maire de Poissons et prenons son 4×4 Toyota en direction de la Vierge, car le chemin paraît-il secoue. L’eau a ravalé une partie du chemin sur une centaine de mètres, nous avons presque le mal de mer, un comble à Poissons.
16h30. Nous redescendons jusqu’au moulin de Poissons, le seul appartenant à une commune en Haute-Marne. Joël, notre historien du jour, nous explique l’histoire du lieu et l’origine de la métallurgie haut-marnaise à Poissons, où de multiples minières existaient. Le moulin fut construit par les moines bénédictins de l’abbaye de Saint-Urbain au XVIIIème siècle. Le Rongeant, une rivière, ou plutôt son bief, était utilisée pour faire tourner le moulin. Il servait auparavant de frontière naturelle entre Lotharingie et la France, puis entre le Royaume de France et le Saint Empire Germanique. Poissons se trouvait donc entre 2 pays. Le moulin servit à produire de la farine puis de l’électricité, et devint une scierie.
Nous apprenons ce qui est sans doute l’information la plus importante de ce jour : les habitants de Poissons ne sont pas des Poissons, des Poissonniers ou des Pêcheurs, mais des Picheneilles. Autre anecdote : Jeanne d’Arc est passée par Poissons en 1429 lors de son trajet allant de Vaucouleurs jusqu’à Chinon, et son cheval aurait bu à la fontaine ronde à la sortie de la commune. Encore une autre anecdote : avant le phylloxéra, Poissons possédait 400 hectares de vignes, soit le deuxième vignoble du département (après Bourbonne-les-Bains).
17h05. Nous traversons le Rongeant, et passons donc du Saint Empire Germanique au Royaume de France, et marchons jusqu’aux halles de la commune, construites en 1827, rénovées en 2008. Un bâtiment de la sorte ajoute du cachet à une commune.
17h10. Arrêt, un instant, au château de Poissons datant du XVIème siècle, qui est devenu un gîte. L’endroit était occupé par des seigneurs jusqu’au milieu du XVIIIème siècle. Napoléon III demanda à l’époque à faire planter 2 séquoias dans les demeures seigneuriales. Un, gigantesque, est toujours visible, l’autre fut foudroyé.
17h20. Direction à présent le pigeonnier du village, érigé en 1684. Le bas de l’édifice était une tour de défense. Le haut accueillait environ 300 pigeons, pour la viande mais surtout, comme on l’a vu à Châteauvillain, pour la fiente, véritable richesse (environ 2 pigeons étaient nécessaire pour fournir de la fiente pour un hectare). Joël nous montre également l’auditoire du XVIIème siècle, où se rendaient certes les « moyennes et basses justices », mais c’était aussi l’endroit où le peuple payait pour utiliser le moulin, le four, etc. qui appartenaient au seigneur.
17h40. Nous arrivons à l’église Saint-Aignan, bâtie en 1528. Elle est de style gothique flamboyant et est classée au titre des Monuments Historiques. Son porche l’est également. Sous celui-ci, l’endroit où les gens discutaient, sorte de banc de pierre, le bien nommé caquetoire, également élégamment appelé « chaise à femme ».
18h05. Nous finissons la promenade devant un panneau à la mémoire de Maurice Floquet. Né à Poissons en 1894 et blessé en 1915 durant la Première Guerre mondiale, il fut le plus ancien Poilu de France jusqu’à sa mort en 2006.
18h10. Nous avons droit à une bière belge à la Belgitude, bar restaurant belge du village. On y trouve une bière belge légendaire, l’Orval, rare en Belgique car les Belges en raffolent et vident les fûts à grande vitesse. Nous sommes alors fiers d’en trouver en Haute-Marne. Des habitants de Poissons, les fameux Picheneilles, nous reconnaissent et nous demandent si nous allons écrire sur la commune. Évidemment !
19h30. Anne et Fabien, nos hôtes du jour, nous font visiter leur atelier Metallerie Rodriguez.
20h30. Nous passons à table. Comme nous sommes de grands sportifs, nous avons droit à des lasagnes. Surprise : le dessert est lorrain, à savoir de la tarte aux mirabelles. Nous sommes bien dans l’est du département.
21h45. Théo est déjà au lit. Le tour touche à sa fin, la fatigue se fait sentir. Plus que 3 jours.
Demain, des arrêts sont prévus à Thonance-lès-Joinville, Vecqueville et Chevillon.
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