« Mon regard erre sur le plus beau paysage du monde. » Diderot écrivant à sa maîtresse en arrivant à Langres par la promenade de Blanchefontaine, par où nous sommes arrivés en ville la veille au soir. Il nous fallait bien une journée entière pour découvrir toutes les merveilles de Langres et son pays. Vous en avez désormais l’habitude, retraçons ensemble, heure par heure, les événements de cette chaude journée !
8h. Aujourd’hui est une journée inscrite sous le signe de la passion. Nous nous réveillons à l’hôtel de la Poste, plus vieil hôtel de France. Réveil à 8h, c’est plus d’une heure de sommeil gagnée par rapport à la veille. Cet établissement est tenu par Marie mais son histoire remonte à 1577. Sa décoration nous rappelle un élégant théâtre. Pour faire taire les mauvaises langues, nous sommes bien à Langres et il fait beau et chaud, la journée s’annonce superbe. Nous sommes dans le sud du département, le secteur n’est pas champenois mais anciennement burgonde et lingon. Ici, les regards sont tournés vers Dijon, Langres est mise en valeur dans les magazines bourguignons et le fromage de Langres, apprécié paraît-il par Napoléon et par les gourmets du monde entier, est considéré comme un fromage de Bourgogne. Serions-nous dans la région voisine ?
Jean-Paul Kauffmann qualifie le plateau de Langres de “toit de la France”, qui donne mais ne reçoit rien, et “fournit en eau toutes les mers”, ses rivières et fleuves alimentant la Manche, la Méditerranée et la mer du Nord. Qui donne tout mais ne reçoit rien, cela semble également définir les Haut-Marnais depuis des générations.
9h. Nous sommes accueillis par Angélique et Laëtitia au Musée d’art et d’histoire de la ville. Elles sont incollables au sujet de Langres. Laëtitia nous montre un volume original de l’Encyclopédie dirigée par Diderot publiée à partir de 1751. Nous sommes présentés à l’œuvre de Joseph-Philibert Girault de Prangey, Indiana Jones langrois connu pour ses daguerréotypes et dessins. Il fut le premier photographe de certains pays d’Orient et fut exposé au Metropolitan Museum of Art de New York ! Nous sommes surpris par la richesse de Langres. Une des statues du musée fut réquisitionnée pour décorer le château de Versailles. Ziegler, peintre langrois et élève d’Ingres, a peint la coupole de l’église de la Madeleine à Paris. Bartholdi, créateur de la statue de la Liberté, a réalisé une statue à l’effigie de Diderot à Langres. Jeanne Mance, fondatrice de Montréal, est langroise. La cathédrale de Langres est la cathédrale la plus haute au nord de la Loire. Les rois de France disaient même de Langres qu’elle était la ville la plus haute et la plus fidèle du royaume.
9h45. Nous longeons les remparts et arpentons les rues avec Angélique, et admirons sans jamais nous lasser la vue sur les plaines environnantes. Sans chauvinisme aucun, comment est-il possible que cette ville ne soit pas classée au patrimoine mondial de l’Unesco ? La ville fortifiée sur un éperon rocheux est superbe. C’est la plus grande citadelle fortifiée encore complète d’Europe. Cela doit être ça la Haute-Marne, un territoire que l’on croit connaître par cœur mais qui, en y regardant de plus près, a toujours quelque chose à proposer.
10h10. Surprise au sommet de la cathédrale où, tombés du ciel, comme ayant répondu aux prières de Théo, nous attend un fromage de Langres, et, comme ayant répondu aux prières de Johann, nous attend également une bouteille de Blanc de Blancs montsaugeonnais. Langres, ville des miracles. Nous sommes heureux comme des papes, un comble dans un évêché. Philippe, qui nous a préparé cela avec Angélique, sait y faire pour faire partager sa passion pour Langres. Comme le dit Philippe, notre tour sera « un mois de frustration » car nous ne pourrons pas tout voir. Depuis le toit de la cathédrale, la vue est splendide et Langres est une peinture faite d’ocre, rouge, blanc, vert, le bleu des lacs voisins se conjugue avec le jaune et le brun des champs alentours.
12h. Nous sommes invités par le couple Bailly. Invités, le mot est faible, l’hospitalité haut-marnaise commence à devenir légendaire pour nous !
14h. Le maire de Peigney, Serge, et ses adjoints José et Alain, sont présents pour nous montrer avec fierté leur association Fort de Peigney et le fort, propriété de la commune depuis 2011. L’association est composée de bénévoles polyvalents et passionnés qui font vivre le fort. Nous commençons la visite dans la bonne humeur, cela semble être le mot d’ordre au sein de cette association. Nous apprenons que le fort de Peigney a été conçu pour 360 hommes entre 1869 et 1875 afin de surveiller la route de Bâle, de Neufchâteau, etc. Sa vocation était de défendre la citadelle de Langres, faisant partie du système Séré de Rivières pour défendre la France. Nous sommes impressionnés par les connaissances de Jacques, notre guide artisan expert du fer, et par l’état de conservation exceptionnelle du lieu ! De l’entrée au magasin à poudre, des galeries aux murs, l’association fait un travail formidable pour faire perdurer la mémoire du lieu. Le guide nous avertit qu’il pourrait y avoir des chauve-souris. Après m’être pris une chauve-souris en pleine tête, je valide sa théorie.
16h30. Ayant lu dans le JHM que nous serions à Langres, Madame la sous-préfète de Langres nous a convié à visiter les jardins de la sous-préfecture, considérés comme les plus beaux de la ville, son domicile, ainsi qu’à échanger au sujet du département et de sa fonction. Ce fut une agréable surprise, un privilège et une rencontre intéressante avec une nouvelle venue en Haute-Marne pertinente, lucide et très positive au sujet de notre département.
18h. Nous retournons chez les Bailly afin de partager une bière, histoire de nous donner du courage pour écrire la chronique pour le JHM et cet article, que vous prenez, nous l’espérons, plaisir à lire.
19h45. Arrivée à la ferme Saint-Anne, gîte agréable ou plutôt havre de paix au milieu de sources proposant une vue imprenable sur Langres, tenu par un couple -amis de longue date du père de Théo- qui érige l’hospitalité au rang d’art. C’est le projet d’une vie qui débute pour Emmanuelle et Florian en ces lieux où la nature, la spiritualité et l’histoire se mélangent dans une alchimie parfaite.
Demain, nous reprenons la direction du sud du département avec des arrêts à Cohons, Villegusien, Heuilley-Cotton et Montsaugeon..
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