Nous nous approchons dangereusement de la fin de ce tour du monde. L’arrivée finale est prévue à Saint-Dizier, le samedi 4 septembre, mais aujourd’hui c’est le lac du Der que nous avons découvert.

9h20. Nous quittons le Domaine de Nully. Tiers-lieu villageois, utopie rurale, exploitation agricole créant du lien social, il est difficile de définir ce qu’entreprend Edmond. En visionnaire, il a su transformer ses rêves en possibles, redonner vie et activités à un territoire où cela n’était pas gagné d’avance et redorer le blason du local en multipliant les projets fédérateurs. Nous parcourons depuis quelques jours la partie nord du département et nous sentons que nous sommes bien sur les terres de la Dervoise, de la brasserie artisanale du Der. Il était alors venu l’heure de leur rendre visite. Comme souvent, nous nous rendons dans les brasseries le matin, après le petit-déjeuner, si possible par temps gris lorsque la pluie commence à tomber.

la brasserie du der

10h. Nous traversons Ceffonds, maisons à colombages et pelouse vertes de chaque côté des routes. Noël nous accueille à la Brasserie artisanale du Der, à Montier-en-Der. Il a fondé celle-ci en 2006. Vincent, son fils et Laure travaillent avec lui. La bière c’est une affaire de famille. Édouard travaille également avec eux. Il existait auparavant une marque de bières à Saint-Dizier, la « Fort Carré », fondée en 1796. D’ailleurs, tout le monde l’a vue mais peu de monde le sait : la célèbre tour Miko est en fait la tour de la brasserie, érigée dans les années 1930. En 1953, la brasserie est cédée aux brasseries de Champigneulles. Noël tenta de racheter la marque Fort Carré mais cela n’aboutit pas. Puis une association se créa pour racheter la marque historique et Noël pu la relancer, faisant renaître la bière « La Saint-Dizier » avec, sur la bouteille, l’image de François 1er, l’homme qui a surnommé les habitants de la ville « les braves gars » qui est devenu « les Bragards ».

50 000 litres de bières sont produits ici chaque année. Il y a les deux « Dervoise », mais également d’autres bières que nous découvrons comme trois bières aux noms liés à l’histoire récente de la région : la « Nuisement », la « Champaubert » et la « Chantecoq ». Ces trois noms de communes sont connus pour avoir été des villages engloutis par le lac du Der lors de sa création pour protéger Paris des inondations. La vente directe ne représente qu’une petite partie du chiffre d’affaires, les cavistes ou supermarchés représentant l’essentiel des ventes. Ils prêtent également des tireuses et fûts.

fer et traditions

12h. Valentin Brouard nous reçoit dans son usine Fer et Traditions à Montier-en-Der. Nous avions rencontré son père, Richard, artiste, lors de la Belle Balade à Chateauvillain, et souhaitions rencontrer des personnes travaillant dans la métallurgie, secteur à l’importance capitale au XIXème et au XXème siècles, dont les entreprises innovent encore et contribuent à faire rayonner le département. La société de sous-traitance métallurgique fut créée il y a 32 ans par son père. Valentin a par la suite repris l’entreprise avec son ami Adrien, juste avant que le Covid arrive. Ces inséparables depuis l’école maternelle sont donc devenus patrons ensemble d’une entreprise de 25 employés.

Ici, ils créent et fabriquent à 100 % des pièces métallurgiques, jusqu’à la peinture, des éléments uniques pour le mobilier urbain, plaques personnalisées, distributeur de gel hydroalcoolique qui occupe tous les Flunch de France, etc. Ils peuvent également remplacer et réparer les pièces métallurgiques. Ils nous expliquent qu’ils travaillent dans l’urgence. Ainsi, lorsque nous sommes arrivés, ils venaient de recevoir une commande à livrer demain. Avec le Covid, et comme c’est le cas dans d’autres entreprises rencontrées en Haute-Marne, l’approvisionnement des stocks devient difficile et le prix des matières premières augmentent. Nous constatons encore une fois que des entreprises ont du mal à recruter, car il n’est pas facile de former et surtout de trouver des gens motivés pour travailler. Grâce au plan de relance lancé par le gouvernement, ils ont pu investir et acheter de nouvelles machines pour la découpe laser et le pliage. Ils peuvent ainsi rester compétitifs. Fer et Traditions investit ainsi dans les dernières technologies pour consommer moins d’énergie et avoir de meilleures performances. Ils auront bientôt le laser le plus performant du Grand-Est, la découpe laser étant le cœur de leur métier.

14h05. Après avoir déjeuné avec eux, nous prenons la route vers le nord.

14h20. Nous apercevons les eaux du Der, un des plus grands lacs artificiels d’Europe, faisant 4800 hectares. Nous passons devant des chalets en construction, qui seront mis en vente par la suite.

avec jean-pierre CALABRESE et Laurent gouverneur

14h35. Jean-Pierre, le maire de Giffaumont-Champaubert, et Laurent, président du syndicat du Der, sont là pour nous recevoir, devant le Casino. Celui-ci fut ouvert en 2014 et est un des 50 premiers de France au niveau du chiffre d’affaires. La création du lac a permis d’apporter 700 emplois sur son territoire, essentiellement côté haut-marnais. Nous devons l’avouer, nous avons triché et nous sommes ici dans la Marne. Giffaumont-Champaubert est par ailleurs la seule station touristique de la Marne. Au Der, un port se trouve sur le territoire haut-marnais et 2 du côté marnais. 3 plages sont haut-marnaises et 3 plages sont marnaises. Un bel équilibre. La présidence du syndicat d’initiative tourne entre la Haute-Marne et la Marne. En tout cas, l’eau est bien haut-marnaise, tant les cours d’eau provenant de notre département sont nombreux. De gros investissements sont faits en ce moment : un foot golf (un golf 18 trous où on joue avec les pieds), des chalets, un hôtel de 84 chambres et des cellules commerciales avec brasserie, loueur de vélos, spa, etc. Des haies sont en train d’être replantées pour rappeler le paysage de bocage historique local. La force du Der est qu’il y a ici 2 saisons touristiques : tourisme bleu l’été, tourisme vert et ornithologique au printemps et à l’automne. Plus de 320 espèces d’oiseaux vivent ou migrent par ici. C’est donc un espace naturel majeur pour le territoire.

15h10. Nous passons à côté du port. Le Der est en train d’être vidé pour faire de la place pour les précipitations d’hiver. L’eau est donc restituée en aval, c’est la fonction même du lac du Der. Quand la Marne ou la Seine sont trop basses, le Der est vidé. En ce moment, le niveau est tout de même plus haut que la normale, dû aux précipitations et aux crues exceptionnelles du mois de juillet.

lac du der

15h20. Nous montons à bord d’un bateau piloté par Patrick pour faire le tour du lac. Nous passons donc au-dessus des 3 villages engloutis. On ne les voit pas, mais lorsque le lac est vide, leurs fondations sont visibles. Nous apprenons que Giffaumont possède 3 monuments aux morts car a accepté sur ses terres 2 monuments des communes disparues. Depuis le bateau, le Der est une vraie mer intérieure. La plus grosse carpe du monde vit ici, entre les eaux marnaises et haut-marnaises. Des cormorans passent en groupe devant nous. Tous les hérons européens viennent au Der. Jusqu’à 280 000 grues y passent. Le côté haut-marnais, et notamment le vieux Der originel, est plus naturel. Le côté marnais est plus aménagé.

16h45. Retour au port, nous marchons le long de l’impressionnante digue.

17h30. Nous nous posons pour manger des crêpes. L’air du grand large, ça creuse.

17h50. Nous arrivons à notre gîte La Plaisance à Giffaumont-Champaubert. Je commence l’écriture de nos articles tandis que Théo écoute Diam’s sous la douche ; l’écriture n’en est que plus difficile.

Demain, des arrêts sont prévus à Sainte-Marie du Lac Nuisement, Humbécourt et Wassy.

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