Une journée pluvieuse, comme nous en avons maintenant l’habitude ! Nous avons malgré tout déambulé dans Chaumont, à mi-chemin de notre projet, et pu y découvrir ses curiosités, son patrimoine, son charme et un grand potentiel sous exploité…
9h30. La pluie nous attend aujourd’hui, le dimanche s’annonce maussade, mais pas de quoi nous démotiver pour notre programme de la journée. Dans le sud, on nous a dit « Chaumont, c’est une ville de fonctionnaires. Le week-end c’est mort ». Nous allons tenter de voir si cela est vrai. Anne-Marie Wilhelem nous accueille chez elle. À cause de la météo, nous ne pourrons pas faire un tour en avion comme prévu, nous décidons donc de nous rendre à la basilique, puisqu’elle possède les clés de l’édifice religieux. Elle nous offre une visite inédite des étages de celui-ci, somptueux, puis admirons le sépulcre vieux de 500 ans. Nous constatons que cette basilique aurait sérieusement besoin d’être rénovée. Le projet est évoqué, mais retardé. Sera-t-il prêt pour le prochain Grand Pardon ? Apparemment, rien n’est moins sûr, les discussions ayant été initiées il y a déjà 3 ans. Cela serait pourtant un atout, le Grand Pardon étant important. Cette fête religieuse qui accorde indulgence et rémission de tous les péchés fut créée par bulle pontifical en 1475. Elle se déroule chaque fois que la Saint-Jean tombe un dimanche, attirant des dizaines de milliers de touristes et fidèles. Elle est même inscrite à l’Inventaire du patrimoine culturel immatériel en France !
On parle avec Anne-Marie de l’aérodrome de Chaumont-Semoutiers, ou plutôt de l’aéroport international de Chaumont-Semoutiers ! Celui-ci aurait en effet, grâce à la longueur de sa piste, la possibilité d’accueillir des gros porteurs si les investissements et l’entretien intégral de la piste avaient été au rendez-vous. Voyons grand, cette piste à gros porteurs aurait-elle pu accueillir des touristes internationaux cherchant à profiter du calme et de la nature, nouveaux ors du XXIème siècle, denrées rares que le nouveau Parc National de forêts et tant de lieux visités jusqu’à aujourd’hui mettent à disposition du plus grand nombre.
10h05. Nous quittons la basilique avant le début de la messe, au grand dam de Théo qui a semble-t-il pas mal de choses à se faire pardonner.
10h15. Nous passons devant de splendides et anciennes tourelles, carrées ou rondes, faisant partie de maisons anciennes. Il y en aurait encore une trentaine. Elles permettaient de bénéficier d’un escalier sans utiliser la surface habitable et font désormais partie d’un circuit dans la ville de Chaumont.
10h20. Nous sommes enchantés à l’idée de prendre le sentier des remparts. Hélas, il n’est pas entretenu et l’endroit perd de son charme. Fort heureusement nous avons appris grâce à nos différents voyages à voir la beauté là où elle se trouve. Disons que le lieu devient un parc romantique à défaut d’attirer les touristes et promeneurs. Nous devions apercevoir le Parc Sainte-Marie en contrebas, mais la végétation devenue jungle, ou friche, cache désormais la vue. Nous continuons donc sur le sentier glissant, les pierres recouvertes de mousse sont dangereuses, les planches bougent et il faut être un bon randonneur pour y marcher sans mal. Nous apercevons une tour, puis une autre, de superbes remparts nous rappelant Langres, l’endroit pourrait être magnifique. Les amateurs de patrimoine croisés paraissent dépités lorsqu’on échange avec eux, les amateurs de culture rencontrés également, nous disant même que Chaumont est une ville semi bourgeoise, gérée certes, mais sans aucune vision d’avenir. Cela me semble assez violent, mais au moins ces habitants sont clairs. Chaumont est en quelque sorte, comme nous le confie un habitant, « la belle endormie haut-marnaise », surnom normalement donné à la ville de Bordeaux.
10h40. Nous souhaitons aller au Musée d’Art et d’Histoire…mais il n’est ouvert que l’après-midi. Difficile à localiser sur une carte, difficile à trouver en arrivant vers le donjon, difficile d’accès, difficile d’exister et d’attirer donc. Pourtant, ce musée est surprenant et complet et rend honneur à l’histoire de la ville.
10h50. Nous nous promenons dans le jardin créé par la formidable association Medievalys, jolie réussite ; quand l’associatif et les volontés privées bougent, tout bouge. Le Vieux Chaumont, Mosaïque, le milieu associatif se porte bien, lorsqu’on lui donne des moyens et de la liberté. Nous apprenons que Chaumont est une des rares villes françaises possédant une rue Robespierre, grande rue qui plus est. Cela s’explique, selon une habitante, par le fait que Robespierre ait donné à Chaumont le statut de Préfecture de la Haute-Marne, devant Langres, car la ville était plus centrale.
11h15. Nous observons la plaque évoquant le général Damrémont, qui a participé à certaines des campagnes de Napoléon. Chaumont est également lié à l’empereur, par le fameux Traité de Chaumont de 1814. Il fut signé entre l’Autriche, la Russie, la Prusse et le Royaume-Uni pour s’allier contre Napoléon. Pour le bicentenaire de sa mort, il aurait peut-être été pertinent d’organiser des évènements, comme l’ont d’ailleurs fait beaucoup de communes. C’est dommage, cela aurait été un moyen de dynamiser la commune et de faire parler d’elle.
11h20. Nous souhaitions marcher sur le viaduc, mais celui s’avère fermé depuis 2018. Quel gâchis que de laisser le symbole de la ville inaccessible pendant une si longue période, la faute à des travaux s’éternisant et à un imbroglio entre les entreprises.
11h40. Francis Coudray, de la compagnie théâtrale Mosaïque, et sa femme Ghislaine nous accueillent chez eux autour d’un excellent déjeuner.Une idée de cavalcade du graphisme est évoquée, avec des chars représentant des affiches afin d’inaugurer la biennale du graphisme, qui est trop souvent vue comme uniquement destinée aux professionnels et initiés. Pourtant le graphisme pourrait être populaire, et devrait l’être au vu de l’investissement. Il évoque aussi les chantiers d’insertion lancés dans le département, et nous constatons encore une fois que ceux-ci, sous différentes formes, sont une réelle plus-value pour les territoires. Celui-ci a une idée originale de créer un site répertoriant les communes du département avec leurs histoires, patrimoine, associations, économie. Il y aurait de quoi faire tant les habitants de chaque village ont des connaissances mais n’étant pas relayées. Citons au hasard la commune de Bugnières qui recèle de trésors méconnus et méritant d’être promus. Son initiative permettrait de partager au plus grand nombre les informations disséminées à droite et à gauche pas assez mises à jour.
13h50. Nous prenons un café avec Dominique Piot, rédacteur en chef-adjoint du Journal de la Haute-Marne, afin de faire un point à mi étape sur notre projet et le partenariat qui nous lie au journal de tous les haut-marnais.
14h20. Après avoir aperçu de superbes demeures, nous nous rendons au Signe, le Centre National du Graphisme, non loin de la gare. L’architecture du bâtiment nous divise. Théo est lui admiratif de l’harmonie entre l’ancien bâtiment de la Banque de France avec l’ajout récent d’un second bâtiment, en béton. Nous sommes accueillis par la Directrice du développement et de la communication. Le Signe a ouvert en octobre 2016, cela fait suite à la création du festival international de l’affiche et du graphisme en 1990, qui avait lieu tous les ans. Ce centre d’art, Groupement d’Intérêt Public entre Chaumont, l’État et le Grand-Est, cherche à montrer, diffuser et faire de la médiation autour du graphisme. La volonté fut de créer un lieu permanent unique en France et en Europe dédié au graphisme, autonome au niveau de la création, et ce tout au long de l’année.
En ce moment a lieu la biennale internationale de design graphique, qui se déroule chaque année impaire. Normalement, lors de la semaine inaugurale en mai, 10 000 visiteurs viennent découvrir le Signe, ses ateliers, concerts, etc. Ici, le graphisme est un art convergent permettant de mettre en forme des informations, mais peut être artistique dans son illustration. Nous descendons afin de découvrir des affiches ayant participé au concours d’affiches réalisées par des professionnels provenant de différents pays. Certaines affiches sont superbes et montrent des sujets forts. Les graphistes sont des artistes complets, engagés, jouant avec les perspectives, lumières, polices, messages, actualité, et arrivant à informer finement de leurs intentions. L’affiche est ici une véritable œuvre d’art, les spécialistes sont unanimes. Théo compare même le lieu à la Fondation Prada de Milan, dans sa forme et la qualité de la muséographie. D’autres sont moins parlantes et illustrent ce qu’une majorité de nos interlocuteurs rencontrés nous ont confié : le graphisme montré à Chaumont serait réservé aux initiés, alors que les affiches visent essentiellement à promouvoir et informer au sujet d’événements culturels. C’est sans doute dommageable pour ce qu’est l’affiche, moyen de communication au contact des piétons, permettant d’amener le grand public vers l’art.
15h40. Nous passons à la Chapelle des Jésuites, où une exposition dédiée à Raphaël Garnier est proposée.
15h50. Nous rentrons chez ma grande-tante Martine, la fatigue accumulée au cours des dernières semaines se faisant sentir. Nous en profitons pour écrire cet article et préparer la nouvelle semaine qui arrive !
Demain, des arrêts sont prévus à Riaucourt, Andelot, Montot-sur-Rognon, Reynel et Cirey-lès-Mareilles.
(Suivez-nous sur les réseaux sociaux Facebook, Instagram et Twitter pour plus de photos !)
1 Comment
Emilie Demousseau
28 Août 2021 - 8:08 pmJ'aime beaucoup la ruelles aux escaliers avec ses volets colorés. Dommage que vous n'ayez pas parlé de la fresque de Céz-art, beau contraste moderne ultra coloré, je les trouve plutôt complémentaire.