Jour 13 : Colombey est une fête !

Colombey est une fête. Tel est le nom du livre que publiera Aurélie en janvier 2022. Nous avons pris un certain plaisir à découvrir ou redécouvrir ce village, le plus connu de la Haute-Marne ! Nous espérons que vous apprécierez tout autant le récit de notre journée…

9h. Nous quittons la chambre d’hôtes La Fromagerie à Colombey les Deux Églises fatigués de notre soirée car, comme le dit si bien Steffen, « on est en Champagne, il faut bien écouler le stock ». Ses histoires de la commune nous marqueront et nous le remercions, lui ainsi que la cheffe Manuela, pour leur bonne humeur et l’apprentissage d’un argot de Colombey inattendu. Pas besoin d’aller au bout du monde quand un conteur comme Steffen est là pour faire voyager à travers les villages avec ses anecdotes, faits divers, légendes et proverbes.

9h10. Nous avons rendez-vous chez René Piot, rencontré la veille alors qu’il venait apporter des haricots à nos hôtes. Emmanuelle, de l’Office de Tourisme, nous y rejoint dans son éternelle bonne humeur. René est une légende nationale. Il tient avec Marinette une boutique de souvenirs dédiée au Général de Gaulle, et est l’un des derniers à avoir vu le grand homme en vie le 9 novembre 1970, quatre heures avant sa mort. Il s’était entretenu, intimidé, forcément, avec lui dans son bureau à la Boisserie à 14h30 au sujet d’un bail affairant au remembrement de ses prés. L’ancien Président lui avait répondu « je peux vous aider, le Général n’est pas à plaindre ». Le lendemain matin, après avoir appris la nouvelle de sa mort comme tous les Français, René Piot reçut la visite du chauffeur du Général. Celui-ci lui emmenait une lettre, que le Général lui avait écrit peu après son départ la veille.

9h45. Laurent Dumont, Directeur général délégué du Mémorial Charles de Gaulle, nous attend vers la statue de Notre Dame des Otages. Elle fut érigée par d’anciens prisonniers de guerre ayant prié pour leur salut et promis d’ériger une statue s’ils s’en sortaient. Il insiste sur la fonction de transmission du Mémorial, et sur la volonté de montrer différentes facettes de Colombey et du Mémorial à destination de différents publics. Cela permet d’attirer 60 000 visiteurs par an dans le mémorial. La commune de Colombey attire, elle, plus de 100 000 visiteurs en tout.

10h. Laurent nous montre la motte castrale, château disparu et site d’avenir de la colline du mémorial. C’est un site défensif du XIII ème siècle, anciennement propriété des Comtes de Vignory, ayant ramené ici des croisades un morceau de la Sainte Croix, croix à double traverse. Une ancienne croix de Lorraine donc. La boucle est bouclée. Il nous parle ensuite du parcours de 1 100 mètres autour du mémorial, permettant à des familles de venir s’y promener. La transmission commence bien au plus jeune âge. Le milieu naturel est également présenté sur chacun des panneaux disposés. La nature et les magnifiques forêts des environs sont vraiment une raison de plus pour venir à Colombey.

10h30. Nous entrons dans le Mémorial et apercevons les toits végétalisés de celui-ci et, depuis ses hauteurs gaulliennes, la vue est impressionnante sur la plaine. Nous pouvons même voir sur notre gauche un bout du parc de la Boisserie. Laurent nous offre une visite privilégiée du mémorial et nous sentons non seulement son érudition sur ce qu’était et est de Gaulle, mais également son aisance pour en parler et son ambition pour partager celui-ci. C’est le meilleur ambassadeur possible pour le mémorial. Nous tenons aussi à souligner la qualité de la scénographie dans le mémorial. Les couleurs, sons, drapeaux, pavés, voitures et reconstitutions aident à l’immersion dans une époque clé de l’histoire de France. L’exposition temporaire, visible jusqu’au 3 octobre 2021, présente elle des peintures et statues des trois armées françaises et de la gendarmerie nationale. Elles offrent des regards variés sur de Gaulle, sa carrière et sa symbolique.

11h30. Nous quittons à regret Laurent et rallions le bureau d’Emmanuelle. Aurélie nous rejoint. Elle écrit un livre sur la Boisserie avant de Gaulle, « Colombey est une fête » qui sortira en janvier 2022 aux éditions Inculte.

12h15. Clément nous fait découvrir la Boisserie, où de Gaulle a vécu de 1934 à 1970. Cette visite se fait sous un angle nouveau, puisque nous connaissons assez bien le lieu. En effet, Colombey les Deux Églises, c’est la madeleine de Proust de chaque Haut-Marnais. On y arrive comme on entre dans un édifice religieux, intimidé, respectueux. Inutile de présenter pour la énième fois le village. Nous avons tous en nous quelque chose de l’ordre de l’indicible nous rattachant à De Gaulle, de charnel, de filial, un brin de gaullisme tant la personne du Général est pour beaucoup d’entre nous quasi patriarcale. Aller à Colombey c’est effectuer un pèlerinage pour nous autres, pas politique mais symbolique. C’est peut-être aussi de là que vient une certaine insoumission propre aux Haut-Marnais, oubliés mais jamais vaincus, épris de liberté voulant vivre la vie comme ils l’entendent, héritage de Charles de Gaulle, de Louise Michel, de Marcel Arland, des figures de l’anticonformisme nous ayant marqués. Ce sont les récits rapportés par nos grands-parents, les sorties du week-end avec nos parents pour voir l’endroit où « il » vivait, ce sont ces petits riens, parfois modestes pensées, qui rendent fiers d’un passé que l’on a tendance à oublier mais qui a de quoi faire battre les cœurs et gonfler d’orgueil.

À la Boisserie, nous nous concentrons sur les cadeaux reçus par le Général et nous apprenons qu’aucun cadeau d’Irlande, terre des ancêtres des de Gaulle, n’a été envoyé. Nous voyageons en compagnie de Clément et Emmanuelle à travers les cadeaux provenant du roi d’Afghanistan, triste clin d’œil, du Cameroun, d’Adenauer (seul chef d’État reçu à la Boisserie), de Belgique, d’Italie, du Viêt nam, d’Iran, etc. Nous nous arrêtons devant le coffret à cigares envoyé par Fidel Castro, cadeau collector personnalisé avec le nom Charles de Gaulle. Toutefois, le Général ne fumait pas de cigares, il préférait fumer des cigarettes, dont celle, fameuse, fumée avec René Piot, mémoire vivante de Colombey.

12h45. L’Hostellerie la Montagne, premier restaurant de Colombey et magnifique restaurant gastronomique du chef et conteur de goûts Jean-Baptiste Natali, nous convie à déjeuner. Chaque plat est magnifiquement présenté et délicieux, servi par un personnel sympathique. Théo ne manque pas de photographier chacun des plats de ce lieu, seul restaurant étoilé au guide Michelin du département. Le lieu est aussi historique. En effet, Gérard Natali, le chef, père, fut un des 12 hommes ayant porté le cercueil du Général lors de son enterrement. De plus, avant que Jean-Baptiste ne s’installe ici, le lieu était un pavillon de chasse de JC Decaux.

13h30. Deux journalistes de France 3 Champagne-Ardenne nous rejoignent à table. Nous accélérons et devons être prêts pour le reportage. Après une interview de Théo et des images de notre travail, c’est à mon tour d’être interviewé. Nous prenons ensuite la route, filmés quelques instants, nous multiplions les incidents mécaniques qui auraient pu transformer le reportage en Vidéo Gag si cela avait été en direct.

15h15. Nous nous posons à l’Office de Tourisme, au frais, afin de rédiger notre chronique pour le JHM. Nos plans changent, la météo s’annonce mauvaise et la vigilance orange ne nous rassure pas.

17h40. Après avoir salué René Piot, nous filons à Chaumont, en empruntant la route nationale, pour arriver avant les orages à notre prochaine étape.

18h10. Il pleut trois gouttes. Ça valait le coup de se dépêcher…

18h45. Les deux journalistes de France 3 nous attendent devant notre restaurant pour capter de nouvelles images, sans doute sont-elles jalouses de l’autographe que René Piot nous a donné avant de partir.

19h10. Nous entrons au restaurant Les Remparts, à quelques pas du Signe et de la gare. Ils ne connaissent pas encore le tour du monde de la Haute-Marne. Ça ne va pas durer.

19h11. Ça y est, ils connaissent le tour du monde de la Haute-Marne.

19h12. Ça y est, ils sont fans.

Demain, un arrêt est prévu à Chaumont. Rencontrons-nous y !

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